Un canard ? Oui ! Mais à l'Orange !
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 2. De figues.

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Delta
Dot, bien gardée.
Delta

Messages : 86
Inscrit le : 02/09/2010
Où ? : Dans son lit, souvent.
Emploi : Brigonne, Barande
Humeur : Fournaise.

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MessageSujet: 2. De figues.   2. De figues. Icon_minitimeMer 30 Mar - 23:14

Eralypse épluche, avec un soin disproportionné, une poire, qui aurait pu avoir une belle vie, mûrir, puis engendrer... Si le brun n'était pas passé par là. Grappille verte dont il ôte cœur sans merci, emberlificoté dans un chapelet de pensées ayant plus au moins trait à la constatation suivante :
« Nom d'un unijambiste, qu'est ce qu'on se barbe. » C'est ça, de passer ses jours à regarder les poules pondre. Attablé, l'attaque du fruit commence, quand il a une révélation qui aurait pu tenir du génie et qui s'apparenterait à :
« C'est étrangement moins ennuyant quand elle est là, tout de même... » Elle ? Sa mère ? La bonne du curé ? Nora et son journal des coucheries ? La mère de Nora qui a eu des histoires de coucheries avec le curé ? Mystère.
Sort fait à la poire, un ange glisse, accueillant un soupir de Gabriel qui se décide à se lever, direction le comptoir et ses arrières, histoire de voir s'il n'y a pas quelque chose à y faire, ou à y manger... ça aura le mérite de l'occuper.

***
Delta n’est pas absente, non, elle dort. Oui, parce qu’elle a passé une partie de la nuit, éveillée par quelque torsion de tripes, à l’observer dormir. Et à se dire que dormir il avait dit, donc qu’elle devait respecter ça. Elle ! Dormir aux côtés d’un homme sans y toucher ! Les seuls avec qui c’était possible étaient son père, son époux et son fils… Pas actuellement, de fait. Le seul qu’elle voulait toucher, c’était celui qui dormait. Enfin…
Delta dormait à son tour, donc. Sieste non crapuleuse, sommeil léger. Ouverture des billes sur une couche vide. Et une envie de partir le rejoindre. Envie constante, en manque, la brune. Défroissage en règle, coup de brosse et descente, direction la porte. Il est peut être ailleurs. Sans doute, puisqu’il n’est pas avec elle. Cerval encore embrumé, la main sur la poignée, elle ouvre. Sans tour de clef.
Delta tilte. Quand même. Demi-tour en refermant. Avise une besace qui n’est point la sienne, à elle. Ouvre un peu plus les yeux encore bouffis de sommeil, vers le comptoir. Ecoute.

***
Eralypse baragouine dans un flot qui ne daigne être interrompu que part des grognements dont où pourrait discuter la provenance : Homme ? Ours en goguette ? Sifflement continu, dont il n'entend pas lui même tout les termes.

« Pas possible... scrogneugneu... Bordel... Arrêt. Tiens, faudrait que j'écrive à ... Blabla ... Reprise. ... Viens ici tout de suite 'spèce de... Grmblf... ! S'adressant à ce qu'il cherche, vraisemblablement. Trifouille dans la réserve, donc, aveugle dans une obscurité qu'il n'a pas jugé bon de percer d'un peu de lumière, ce qui, il l'avouera, n'aide pas tout à fait. Une envie de confiture à en manger le pot avec, cela ne soutient pas une réflexion construite, non. Un rien soumis à des pulsions compulsives, le garçon... On compense comme on peut. D'une faim à une autre... Pot trouvé. Cri de victoire. Pain pris, mie vite déchirée, tentative d'ouverture du bocal... Qui ne résiste pas longtemps. Croûte dorée plongée dans le macérat sucré, pas de sortie de l'antre envisagée. Ici, au moins, personne ne viendra le chercher. Si, bien sûr qu'on viendra le chercher... Mais il aura au moins le temps de prendre l'air de rien... Pénombre chérie.

***
Delta tend l’oreille, donc, entend d’étranges bruits. Pourrait être effrayée à se demander si Kylah, l’ourse, ne serait pas dans sa réserve. Mais ne l’est pas, non, puisqu’elle sait, la besace a avoué. Avance doucement, vers le lieu de réjouissances. Silencieuse, laisse ses yeux s’habituer à la pénombre, sourit à deviner l’action, de par ce que traduisent ses esgourdes.
Elle s’approche, encore, se demande si elle va allumer une lampe ou juste s’approcher, tout doucement, tendre une main, une bouche sur le chemin de la bectance… Sortir un pot de miel, des verres… Elle ne sait pas trop. En tout cas, elle est toute proche.
Elle opte, pour l’embêter, pour le plaisir, elle ne sait pas trop, pour simplement, aller cueillir son épaule d’une joue posée. Sans rien dire, ou presque. Murmurer un
« Je vous cherchais ». Tout bas.

***
Eralypse s'immobilise, les joues rondes de lambeaux de figues amalgamés à la mie aux alvéoles rompues par la denture qui, jusque là, déchirait encore. Il a perçu le bruissement, le halo de chaleur... Mouvement pour cacher son forfait à peine entamé que le contact se lie, que la parole s'est élevée. L'idée que le pain irait aussi bien avec une poêlée d'œufs brassés vite brisée par la venue. La prise... En flagrant délit... De goinfrerie. Pot reposé, miche déchiquetée en équilibre, le brun déglutit avec une certaine difficulté.
Eralypse tente une réponse, claire et intelligible.
« Et bhé... Euh... » Tente, on a dit. « J'étais là. » Expert en réponse constructive. « Et vous... » 'Sortez d'où comme ça ? Même plus le droit de bouloter comme un pourceau en paix. Inadmissible ' « ... Étiez où ? »
Manœuvre discrète au possible pour essuyer un coin de bouche autant que les mains un rien enfarinées. Les braies prennent, ne se plaignent pas, et les doigts, un tant soit peu propre, viennent chercher le creux d'une taille. De sa sienne à elle, en l'occurrence.

***
Delta rit, doucement, de l’avoir pris en flagrant délit, rit, surtout de le voir tenter de prendre l’air de rien, parce que même dans le noir, ça se sent. Rit parce qu’elle a envie de rire, aussi, tout bêtement. Parce qu’il est là, surtout, et qu’elle aussi. N’avait pas envie de sortir, en plus.
« Vous êtes là, oui. »
Enchainer sur un corps encore endormi qui se coule contre lui, répondre, au passage, à la question, humant l’odeur de… figue ? Il a raison, elle est bonne. « Je dormais. Ennui de l’attente d’un pli qui ne vient pas, et pire, d’une absence… Alors je dormais. »
Elle tente de ne pas trop laisser transparaitre le ton amusé de la réponse. Se voudrait presque pourvoyeuse de reproche. Presque. N’y parvient pas. A bien dormi. Pis, il est là. « Aviez faim ? »

***
Eralypse étrenne front et tempe, joue bientôt, à fleur de lèvres qui ne s'attardent pas. Rire, qu'il lui plaît d'entendre, qu'il goûte de loin, apprécie en silence... Ce serait meilleur que la figue confite ? Main qui entoure, pouce qui dessine une pommette... Sourire encré, il gagne du temps, clairement.
« Je vous attendais, là, comme un pauvre hère, et vous dormiez dans le même temps ? » De bourreau à victime... C'est que la mauvaise foi retourne les choses avec facilité. Pulpe de doigts qui pianotent, contournent et s'attachent à la nuque qu'il devine sous le rideau noir.
« Avais faim... Ai faim, du fait. » Le brun évite de préciser, bien qu'il en ait eu l'idée... Relief d'une prudence largement élimée.

***
Delta clôt les yeux un moment, juste le temps de profiter de la chaleur qui émane de lui, se rendormirait bien, là, contre lui, ou se réveillerait tout à fait. Au choix. Tant que c’est contre lui, elle s’en fout.
« Avez faim, donc ? Et que désirez-vous ? »
Elle ne précisera pas le fond de sa pensée, qu’elle devine bien transparente en fait. S’en fout. Il sait. Elle sait qu’il sait. Pis elle sera patiente, ou pas. Le bon moment, elle saura. M’enfin… Là, ingénue, elle songe vraiment à lui faire un petit quelque chose à manger. Et s’interroge sur ce qu’elle peut lui préparer, tout haut. « Jambonneau ? » Abus possible, il y en a beaucoup. Tend le cou, la nuque en fait, aux doigts, à la main, épidermes en rencontre.

***
Eralypse a toujours été, du moins dans les pans choisis dont il veut se souvenir, d'une patience indéfectible. Si, indéfectible. A s'en maudire, dans les retours de flamme. A le regretter, plus modérément. De patience, de prudence, de réserve, il en est d'ailleurs encore tout imprégné, quand le pied à terre demeure... A terre, voilà... Pas en mer... Et ici, quiétude et obscurité joueuse, chaleurs mêlées, il sait comme les eaux sont profondes. Est-ce l'étroitesse du lieu, le goût sucré sur la langue, le parfum flottant qui lui tord le ventre, déchirant ? Juste elle, peut-être, sa proximité lourde d'un désir qui a eu tout le temps de s'immiscer et qui vient raviver celui demeuré inassouvi, déposé là par une autre. *Qu'est ce qu'elle dit, là ?* Une histoire de faim... Il parlait faim, oui... Les paumes se perdent, épousent les reins, glissent aux hanches, une descend, encore, veut braver le tissu, que les doigts pincent... Jambonneau, oui, oui, tout à fait... Souffle entrecoupé, visage au cou, lèvres, dents qui effleurent et, brusque... L'arrêt. La réserve, cocon, se fait exigüe, étouffante. Le garçon recule, se détache, récupère ses mains comme s'il venait de les jeter au feu. Eralypse doit être en train de s'excuser d'une voix blanche, là... C'est qu'il n'entend plus très bien. S'excuser de quoi ? Réplique une voix, murmure hautain, dans un coin de sa pensée. Gabriel n'y répond pas. Blanc.

***
Delta pensait bectance, certes, mais l’idée de le croquer autrement qu’au charbon, si elle n’est une idée fixe, est au moins constamment présente. Cet homme lui tord les tripes, et là, les tripes prennent feu - tripes à la mode de Caen, ça vous dit ? - Suffit de pas grand-chose pour aviver une flamme qui n’attend que ça.
Le moment tant attendu semble être là, enfin, le connaitre plus, le connaitre mieux, lier enfin les corps alors que les esprits s’apprivoisent déjà. Doucement, prendre son temps, oui, et attendre que le geste vienne de lui… Il vient.
Dextre et senestre du brun qui se perdent, la trouvent, envie de goûter la figue, souffles qui se croisent, se testent, yeux clos, et mains qui perdent timidité pour signifier ce qu’il sait, qu’elle aussi elle…
Brusque ouverture des billes sur un Gabriel s’excusant. Froid envahissant, tripes vrillées, en souffrance. Tendre une main vers lui, doucement, tout doucement, effleurer une chimère ? Prononcer son prénom, simplement, d’une voix blanche, faible.
« Gabriel ? »

***
Eralypse s'est excusé... De quoi... Il ne sait toujours pas... Ou, si, il sait. D'amalgamer. Que son corps ne fasse pas la différence entre la brune, et l'autre, fantôme pas encore déchu... Non, ce n'est pas ça... Il la fait, la différence... Envie projetée... C'est de ça, qu'il s'excuse ? Non... Non plus, envie, oui, mais autre, tout autre, dont il pourrait avoir honte, d'ailleurs... Animal.
De perdre ses sens avec tant de facilité ? D'abandonner tout contrôle, toute mesure, d'avoir envie de prendre ce qu'il estime presque lui être dû, sans détours ni attente d'un consentement qu'il sait, par les intelligences des langages qui se passent de mots, déjà avoir obtenu ? Non, non...
Coi, il cherche encore, entend son nom, lève un regard aveugle sur elle. Et la voix, ironique, reprend. * Laisses-moi deviner, grand dadais... C'est parce qu'elle est mariée ?*

« Oui... » Réponse. A lui ou à elle, à ce nom, question ?
Drôle comme, une fois la chose posée, l'absurdité lui apparaît toute crue. La petite voix se moque, rit, grassement et le brun reste muet. Les entrailles s'agitent, réclament. Il prend le temps, pourtant, de formuler, au moins intérieurement.
Mariée, certes. A un autre, on sait. Qui la possède donc, plus ou moins. Et il se souvient vaguement d'une taloche prise parce « qu'on touche pas aux miches du voisin ! ».
Voilà. Sauf que là, ce n'est pas son voisin, qu'il s'en fout de l'époux, que par ailleurs, s'il n'aura jamais l'annulaire, il veut bien le reste et qu'encore... Qu'encore quoi ?
Eralypse ne sait plus, déjà revenu aux hanches, front posé, nez passé et bouche qui s'abreuve du souffle avant de se pencher, d'approcher, rien qu'un peu... Pas son dû, non, aussi essaye t-il de faire taire la violence des élans qui lui rompt les reins.
Eralypse en a mal, le flot qui bat aux digues menace... Il faut lui dire, lui dire.
« Je... Enfin, vous... Delta... » Faut réfléchir avant de parler, aussi. Orgueil de mâle qui, presque corneur, trouve encore quelque chose à redire à la situation. « Je ne veux pas être... 'L'un des '... »

***
Delta incline la tête, d’un rien, le considère sans comprendre, sans rien savoir de la tempête qui se déroule en lui, s’en douter, pourtant, garder la main à portée de peau, ne pas oser, ne pas le brusquer, crever d’envie, pourtant…
Animale ? Non pas, pas seulement en tous cas, c’est au delà. Cramé les ailes, encore, papillon, à trop jouer avec le feu. Tant pis. Devra se poser. Veut se poser. Mais lui ?

« Oui… » qu’il répond. Oui, oui, c’est moi ? Oui, je suis là ? Oui quoi ? Elle voudrait crier, savoir ce qu’elle a fait de mal, elle a trop insisté, trop brusque ? Elle aurait dû attendre encore…
Mais attendre quoi ? Elle n’a rien fait ce soir, rien, elle a attendu, justement, il ne va pas partir hein ? La laisser ? Là ? Son regard, vide, fait peur. Il ne la voit pas vraiment, il songe trop, beaucoup trop.
Elle voudrait lui dire de cesser de penser, qu’il se fait du mal, qu’il leur fait du mal… Et qu’elle est là, juste là, pour lui, et juste pour lui, mais taira ces mots, de peur de le faire fuir plus loin encore.
Son tour de cogiter bien trop, de se dire qu’elle s’est trompée, que son ou ses fantômes à lui sont bien trop présents, qu’elle ne fait pas le poids. Doute. Delta qui doute, on aura tout vu. Et pourtant, cela est. Et elle se tait. Il va bien dire autre chose, faire quelque chose ?
Il fait. Enfin, il la saisit. Tant par ses gestes que par la fièvre qui s’empare à nouveau d’elle. Le palpitant qui fait des siennes, retrouvant le gout de battre, et son souffle, juste là… Et les mots qui s’échappent, douloureusement, tels un accouchement.
« C’est moi » qu’elle pense, mais ne le dit pas, elle sent le moment difficile, le moment où elle va savoir enfin ce qui le turlupine. Et le voilà qui se délivre. Fin de l’accouchement, douloureux, peut être. Il « ne veut pas être… 'L’un des'… »
L’un des quoi ? Des hommes qui ont pu parcourir sa couche ? L’un des fantômes ? Elle ne sait. Elle va répondre aux deux, dans le doute. Et elle tait le rire, soulagée, grandement, qui ne demande qu’à éclater… L’heure est grave.

« N’êtes pas l’un des… Vous êtes le. Et, pour tout vous dire… Je souhaite que… Que vous le restiez. » Tentative de réponse, et s’il parlait d’autre chose, et si et si… Se tait. N’en rajoute pas, effleure l’endroit qui vient d’expulser ces mots, léger, comme un baume…

***
Eralypse croit. Et croira encore, qu'elle mente, qu'elle se joue de lui, qu'elle tente de l'apaiser, qu'elle tente de se tromper elle-même... Il s'en fout, là. L'ego a eu satisfaction ? Grand bien lui fasse, mais qu'il se décide à faire place.
« Le », il s'attardera plus tard sur le terme, en sera flatté, aura peur, se demandera si elle est « La », mais pour l'instant... Pour l'instant... Ah mais si. Elle est « La ». D'une façon un rien faussée, de vrai. D'une façon qui ne l'effraye même plus mais qui pourrait, de souvenir...
Pas le moment, il verra bien sur pièces. Décidément douloureux... Carcan qui retient ou envie faite besoin ? Pas le moment, qu'on a dit. Réflexion qui s'étiole.
Le doigt posé sur la chair est embrassé, vite fait, puis repoussé par une main pour laisser place à l'élan qui le mène tout droit à la bouche qui parlait encore quand il la voulait déjà silencieuse.
Baiser pris, miel saturé qu'il goûte, qu'il quitte pour mieux y revenir et main libérée qui revient à cette étoffe qu'il saisit, retrousse, rempart qu'il brave, pour aller à la peau, tout de suite.
La chair ploie sous l'assaut, l'écho de l'impression renvoyée fait grande impression. Brusque, un peu, il repousse la brune, usant de l'appui encré à une hanche, contre lui. Entre soulagement de l'entrepris et frustration lui fouettant encore les sangs... Maelström.

***
Delta ne ment pas. Elle ressent. D’ordinaire elle aurait pu répondre un truc du genre qu’elle aimait toujours, même imparfaitement, que le moment présent était toujours vécu à fond, qu’elle ne trichait pas. Sauf que ce soir, dire cela aurait été mentir. Ce soir elle sait. Elle le veut pour bien des moments présents à venir. Si si. Il est « Le », le seul à partager sa couche, le seul qu’elle veuille y voir. Le seul à lui remuer les tripes. Mais qu’il cesse de penser, qu’il cesse, qu’il soit là, là…
Doigt éjecté, place aux lèvres, enfin, elle goûte, figue présente, miel, miel… Elle ne goûte pas, de fait, elle dévore, enfin, cette sucrerie dont il l’a privée, frustrée la brune, si fait. Et maintenant qu’elle y a droit, elle se goinfre. Vorace.
Les tissus s’écartent, amenant la peau à la rencontre de la main de l’amant, sens à fleur de peau, frissons, des reins à la nuque, attend. Peur encore qu’il recule à nouveau, hésite un (très court) instant entre répondre, sauvage, ou rester un rien passive, selon sa volonté. Réflexion vite oubliée, mains qui viennent se glisser sous sa chainse, goûte la peau, du bout des doigts, fort, du bout des ongles.

***
Penser à ne plus penser... Il n'y a plus vraiment besoin. C'est que l'appel du corps ne laisse pas beaucoup de place au reste. A quelles questions, éparses, qui s'enroulent, tournent, puis disparaissent, sans réponse, sans même une réelle attention prêtée, l'heure n'est plus aux considérations rationnelles... Du tout. Ni même un reste d'appréhension. L'idée de reculer l'effleure encore, réflexe, les doigts semblent perdre un rien de volonté, s'affaissent, glissent un peu... L'ourlet des jupes menace de retomber... L'instant d'une expiration seulement.
Il inspire ensuite, la respire, bouche pleine du goût que l'amante infuse, et l'hésitation meurt. Contrecoup, les phalanges s'agitent, grisées de la vigueur reprise et de la peau qui semble pouvoir se plier sans limite à leurs caprices. L'exploration débute dans un bruit de tambour prenant en puissance, la dextre longe, crochue, pressée, le fuselé d'une cuisse, la courbure d'une hanche... Conquérante. Senestre perdue, qui a dégringolé aux reins, s'est approprié les monts en dessous et est revenue, vive, à la nuque.
Pareille rendue, piqûres, penchant aigre-doux... Pas de pensée. Impression. Pointes de mal qui avivent les biens... Violence, qui ne fait plus peur. Quoiqu'elle soit loin d'avoir besoin de le marquer, des dents et des ongles, l'encre est déjà jetée.
Le brun se venge à la bouche, sépare, mord un peu, reprend. Baiser entier qui n'arrange rien à son souffle intermittent. Douce asphyxie.

***
Qu’il se venge ! Elle n’est pas contre, bien au contraire, prétexte à réitérer. Encore, ne pas cesser, n’avoir aucune envie de cesser, ne pas y penser, même. Maux doux se passant de mots, bouche bien trop occupé pour perdre du temps à parler. Pourrait dire bien des choses, mais préfère vivre, vivre… Et pour vivre, elle vit ! Les mains sous la chainse s’acharnent à l’ôter, sans grand succès, mais s’y essayent. Grogne, ne peut grommeler puisque les lèvres sont prises, prenant leur dose d’oxygène, sucré, l’air. Dextre et senestre du brun la parcourent, instillant flammes là où elles passent, brûlure, brûlure qui demeure alors même que la peau est libre de toute main. Embrasée, la brune, étincelle vive, qui ne demande qu’à consumer l’être qui lui fait face. Consommer pourrait-on dire.
Et elle a faim. Faim d’être consommée. Croupe, cuisses, peau qui se tend à la dextre, nuque qui se niche en la senestre, corps qui se plaque contre l’amant, souhaitant déjà l’épouser de ses formes. Elle se perd. Doute. Un instant. Ne devait-elle pas cesser de… D’apprécier autant ? N’avait elle pas décidé de ne plus offrir de prise à la douleur ? Baisse les paupières, un instant, baiser qui se fait plus doux, plus tendre. Instant de flottement. Court, très court. Tant pis pour l’à venir, tant pis, elle veut vivre, et si les tripes doivent être en vrac, tant pis. En attendant, en attendant… Il est « Le » et elle le veut.
Vivacité retrouvée, nul doute présent, rien. Les corps seuls parlent, ne pas penser à penser. Penser à ne pas penser. Vivre.

***
Chère... Chair... Déjà aimée... Aimées... Chair et peau... Terres, brûlées, qu'il s'approprie, au final. Sienne. Voilà, bientôt sienne, entière... Toujours pas pensée, non. Perspective, oui... Soufflet qui fait son office, de feu crépitant à brasier expansif.
Conscience des menottes en prise avec les frusques, il quitte les foyers échauffés et vient se libérer, tirant à la nuque, du carcan. Chemise et surcot mêlés atterrissent mollement au sol quand le froid vient le prendre, modérant à peine la touffeur qui s'est répandue et que l'aimant vient chercher au ventre de la brune, colombine aux jupes troussées. Dextre retrouve son fief, s'y attache et l'étend. Descente, les doigts entourent, placés au pli du genou... Y jaugent la finesse du cuir, satine, y jouent, un brin. Et, d'impulsion, soulèvent, font plier, plaquent à hauteur. Au ventre, oui... Agité, le sien... Érigé, du mieux... Douloureux, un peu.
Au ventre, c'est ça... Chaleur cherchée à la bouche, encore, qu'il a dû quitter. Baiser renoué, vif. Langueur qui s'interrompt, au final, les lèvres vont à d'autres horizons. Au tendre du cou, morsure. Succion, un peu... Rien qu'un peu... Il veut juste une petite tâche, là. Juste là. Marque, bêtement. Territoire sien ou pas. Fini le cou. Clavicule, épaule que la senestre a dénudé, malmenant le tissu et qu'il étrenne. Gestes dictés, il ne sait même plus, ce qu'il fait, ce qu'il dit peut-être... Non, il ne dit rien, souffles qui muent, râles... Pas de mots, non... Il ne sait pas... Il sait elle, il sait lui, il sait communion, il sait instant... C'est tout.

***
Le réveil de l’homme est violent. Non pas violent en mal, non, en mâle tout au plus. Brusque, plutôt. À trop s’interdire, lorsque les digues cèdent, l’acte devient plus… plus tout. Intense, bestial, appréciable, que s’il était routine. Et elle adore ça. Parce qu’elle aussi a été à la diète. Oui, puisqu’il n’est pas « L’un des », et ce, depuis… Depuis une histoire de porte claquée, ou peut être avant. Sans doute avant, même si elle ne le dira pas. Depuis…
Elle se souvient avoir déjà apprécié l’homme, il y a longtemps. Discussions absurdes, poussées, intéressantes, comme elle aime. Puis là, les courriers. – Il n’a toujours pas répondu, d’ailleurs – Une envie de le connaitre, de se confier, déjà sienne par les mots. Lui avait confié son esprit, son être, ses sentiments, mais pas tous. Pas encore.
Et là, là, il s’approprie le corps, déjà sien, même s’il ressent le besoin de le marquer, qu’il marque, d’ailleurs, qu’il marque… Pas besoin d’encre, elle ne pourrait l’oublier. Même en le voulant. Et elle veut rendre la pareille, imprimer la marque de ses dents, légère, n’est pas barbare, sur l’épaule, humer encore ce cou, sans le sentir gêné… Ne pas penser et vivre.
Vivre la communion alors que les ventres se rencontrent, vivre, pleinement, naturellement, ce qui est, ce qui, aux yeux de la brune, devait être. Ce qui, plus important, sera. Et ce qui est. L’instant, présent, où il prend possession de son être. Sienne, entièrement, même à l’emplacement de l’annulaire. Un morceau de métal n’est rien face au don de l’être. Rien.
Etouffe, bouche nichée en son cou, un énième soupir. Silence peuplé de ceux lâchés auparavant. Pas de silence, en fait, rien que leurs souffles, leurs sons, eux. Seuls. Tous. Tout ce qui compte.

***
Pense. Dérivant autant qu'il peut sur la gorge. Pense, oui... Qu'il faudrait très certainement envisager de congédier le lourd rempart d'étoffe, oui oui. Faudrait. Aimerait, aussi. Rien que pour la sentir, nue, juste là, posée et compromette chaque parcelle de peau ainsi dévoilée. Marquer au fer, à fleur de lèvres, de paumes, que chaque pouce du corps se souvienne, distinctement. Aimerait, c'est vrai... Mais là... Là...
C'en est trop. C'en était déjà trop à la simple évocation, au murmure, à deviner l'envie... Aux premiers sourires lourds, à la tiédeur naissante... Trop. Entrailles chargées de plomb, tordues, sans repos, jamais. Elles étaient là, prêtes à faire craquer l'entour de vertu à prôner, vicieuses, à l'affut, prêtes, oui, à le faire plonger dans le stupre. Vice ? Non. Suite. Il veut la savoir, de bout en bout, le corps avec. Se pencher sur le corps, qu'elle a écrit. Docile, il a obéit. C'est un gentil garçon, après tout.
L'entour a éclaté, tout bonnement. Et sortie de cage se veut violente... Si douce, la violence. L'empressé écoute, prend le temps, les soupirs qu'elle coule vers lui, se laisse pousser plus loin. Avant de sentir que plus loin, il n'y a pas, l'attente n'est plus que douleur, vive. L'appétit le dévore, rongé, il savait, mais là... Là...
Les doigts se crispent sur la cuisse qu'ils soutiennent et la vagabonde, jusque là attachée, sous couvert de tissus, à la croupe, s'en vient faire un tour du côté de son propriétaire. Propriétaire qui se dépêtre, un rien maladroit -qui sait si ce n'est pas pour feindre le manque d'habitude- (moi ! ... Ahem... ) de la paire de braies l'encombrant. Finissent par glisser, aux chevilles. Libre. Main, libre, qui chasse avec des gestes impatients l'ourlet retroussé jusqu'à la taille. Épaule quittée, le brun revient à la bouche. Baiser, léger, que vient remplacer le regard qui cherche l'autre. Il veut voir... La voir. Se sentir être, entier, dans la possession, en ayant une fenêtre sur ce qui n'est pas corps. Possession, qu'il croit encore. Union, qu'il comprend, quand, insinué en elle, l'impression d'être possédé chasse gentiment son antagonisme. Râle, sourd. Pas silence, non...

***
Là.. là ! Il est là, juste, là. Et ses billes plongées en lui alors qu’il plonge en elle, apnée. Il plonge, elle ne respire plus. Partage des tâches. Partage des sens, aussi. Plus rien autour que lui, lui et elle autour, en fait. Elle voit, elle sait, elle sent, ressent, elle est. Le souffle revient, bruyant, profond, elle vit et n’ose croire que… Ne plus penser, vivre. Pas besoin de se faire prier.
Doigts croches qui meurtrissent les épaules de l’amant, dents qui s’enfoncent dans sa propre lèvre, et front qui vient se coller à son homologue masculin alors que les bas ventres entament leur danse. Front à front, plonge, plus loin encore, miroirs de l’âme en cohésion alors que les corps s’unissent.
Aurait dû faire tomber la robe, trop tard. Il aura tout le temps de la découvrir encore, de l’apprendre, la connaitre par cœur, découvrir les motifs qui l’ornent, qui à l’aine, qui, découvert, un peu… sur l’épaule. Encre, bien plus, et cicatrice. Belle. L’époux est bon médecin. Il saura tout ça, il saura elle. Il commence à savoir eux. Elle aussi. Et ça lui plait. Et ça se voit. Perles qui brillent dans les billes de la brune. Jolies perles.
Revient à la bouche, encore, sans libérer le regard, le voudrait qu’elle ne le pourrait pas, arrache quelques bribes de miel, de figue, de lui, le goûte encore, par à-coups, mord. Un peu. Oxygène arraché aux lèvres de l’amant, apnée, encore, perd pied, se noie, aime ça.
Pas ça. Non. Aime. Vit. Et pas l’un des. Non. Lui.
Lui… Elle parle, un peu. Prononce son nom, juste, ou son surnom, ou… « Fol… ». Tout ce qu’elle dit, n’a pas d’air pour prononcer plus, voudrait qu’elle ne le pourrait pas. Le souffle se fait rare, saccadé, partagé entre les margoulettes miroir. Précieux.
Préciosité de l’instant, rare, rêvé, espéré, si fait, de nombreuses nuits. Mais aller lui dire « non, je n’ai pas très bien dormi, je songeais à vous » n’était pas la meilleure idée. Quoiqu’il ne s’en serait sans doute pas étonné.
Pas eu d’éloignement, rapprochement, au contraire, au point de… Au point où non contente de souffler son qualificatif, elle prononce son prénom, d’une voix tirant étrangement sur l’aigu. Le manque d’air, faut croire.

***
Se sent, se sait, et s'entend... S'entend. Fol, oui... Ivre d'elle, à perdre sens et esprit... Pensées et conscience... A en être fou et à ne pas vouloir recouvrer un semblant de sanité. Prénom. S'entend, encore, dans sa voix, intonations qui viennent se ficher quelque part, loin, et qui, il le devine, ne s'en détacheront pas. Il aimerait répondre, souffler, l'entendre, dans sa bouche. Se l'approprier, un peu plus. Seulement, articuler, ses lèvres ne veulent pas. Déguster ? Oui. Laisser la place à la denture, sévère ? Oui. S'abreuver ? Oui. Recueillir air brûlant et soupirs, en dispenser quelques uns, remontant, gutturaux ? Oui... Mais se mouvoir dans un ballet ordonné, non. Le brun a abandonné le contrôle de son corps, déjà, se soumettant à ses caprices sans broncher... Tant pis.
Il la tait, soit... Cependant qu'il la sent, la sait, l'écoute. L'explore, la respire... La vit. Delta, partout. Plus qu'elle, tapissée à ses cieux, déchirant ses chairs. Plus qu'elle, autour, dans. Elle et lui, un peu, emplissant la restreinte refermée sur eux. Fondus, dans la houle que miment leurs bassins, corps... Ils font corps. Houle, entêtante, entêtée, appuyée... Latence, langueur... Reprise. Quelques cassures, encore, clairsemées, dans le crescendo. Tambour, battant à faire mal, baiser rompu pour chasser l'air, visage tendu vers un ciel de poutres.
Séparation fugace... L'aimant revient vite aux billes, perles que les iris brumeuses fouillent, cueillent... Il en veut, encore... En veut jusqu'à en faire des colliers. En veut, voilà, d'autres encore. Jusqu'à en faire des chaînes pour se lier, jusqu'à trouver satisfaction, jamais finalité.

***
Ne se rend pas vraiment compte qu’il la tait tant ses gestes parlent mieux que n’importe quel nom qu’il pourrait lui donner. Tant qu’il lui correspond. Faut pas abuser, entendre de sa bouche le nom d’une autre ne lui irait pas. ‘Fin bref. Non, pas bref, les mains lui content bien des choses, brûlantes, et plus loquace encore, l’homme, en entier. Il est, elle le ressent, il est. Elle vit. Il est. Pourvoyeur de vie. Chose qu’elle ne dira pas, ou plus tard, ou parce que ça lui aurait échappé.
Folle, oui. Vivante et folle. Et heureuse, aussi. Un tiers de vie, un bout de folie et autant de bonheur. Bordel, ça tiendrait d’un goût de miel ajouté à une prairie fleurie. Et… tant pis ! Miel ne veut pas dire niais, et heureusement, sinon la muscajoelisation serait en court, et ça, ça ! Ça craindrait.
Enfin, laissons là les considérations sentimentales et penchons nous sur les amants. Coups, à-coups, contrecoups, désordre de mouvements, brusques. Forts. Vifs. Longs. Doux. À la limite de l’animal. Râles, sons. Odeur de fauves envahissante, narines prises, brune éprise. Et prise, aussi. Surtout.
Brume qui se fait souffler, non. Brume soufflée il y a un moment déjà. Nul voile que les tissus qui les gênent encore. Rien. Toute. Sienne. Ne gênent plus grand-chose, tout concentrés sur la chose qu’ils sont. Concentrés, non. Au feeling, sans penser, sans réfléchir.
Vivre. Et vouloir vivre encore. Et encore. Et oublier de respirer à nouveau, sombrer, monter, ailleurs. Voyage au cœur des âmes. Delta plane.

***
L'équilibre flanche... Les cassures cessent, net. Plus que le roulis, diable habitant le ventre qui part et, sans relâche, sans surprise non plus, revient, plus brutal. Mesure qui se raccourci, cadence emballée. Le morceau ne soutient aucune fausse note dans l'envolée. Plus haut... Encore un peu...
Le céladon ne soupire plus de lassitude, suspendu au dessus d'une couche où il n'a droit qu'au sommeil, non. Il ne soupire plus du tout, d'ailleurs. Il expire, agonie sirupeuse dans laquelle il est plongé... Jusqu'à la garde, sinon au cou. Noyade, pure. Et il sent bien la mort venir... Petite ? Oui, petite. L'autre, aussi. Le palpitant a déjà des ratés, la nuque semble fondre, comme le reste, collant mèches terreuses à la peau. Droite et gauche harnachées, incrustées, dans le plein de sinuosités qui l'intéressent beaucoup moins, là.
Pupilles grandes comme l'œil fichées. Autre plongée. Il se perd, par intermittence, c'est que les billes sont profondes, et qu'un flou qui n'a rien d'artistique mais qui est d'un cotonneux prenant vient tromper sa vue. Clarté, il distingue... Des choses qui se meuvent dans l'obscurité. Lapis moirés auquel il se semble se donner, entier, âme aux miroirs, enveloppe charnelle à une autre.
Ils n'y a que les vieux qui meurent en aimant, c'est ridicule. Il faudrait la prévenir qu'il va mourir. Qu'il dicte son épitaphe...

***
Muette. De son ne sort que celui de son souffle lorsqu’il se fait enfin présent, corde vocales atrophiées, choquées par ce qu’elles voudraient laisser échapper. Préfèrent se taire. Quinquets liés, bouche bée, lame de fond qui la submerge, se noie, se noie… Noyée. Souffle coupé, ne bouge plus, ongles plantés, doigts crochetés, abîmes de billes, abysses insondables. Perdue. Tout là bas, loin…
Mourir ensemble, quelle bonne idée ? Eternité à venir. Bon choix. Alors se laisser partir, les mains soudées à la peau de l’aimé, qui perdent, un rien, de leur force. Beaucoup en fait. Frémissement des membres, tremblements, même, mer déchainée qui ne la maintient plus à la surface. Lâche prise, se laisse embarquer, c’est bon, la mort.
Si elle planait, là, elle décroche, les yeux sont lâchés alors que la tête s’affaisse, visage niché en son cou. Odeur… senteur de lui qui se fait remède. Remède ? Mourir lui allait bien. Surtout cette mort, là, ainsi, avec lui. Reprend conscience, souffle en fait, déjà, pour commencer. Doucement, tout doucement, savoure cette bouffée de lui, murmure quelques trucs incompréhensibles, son prénom, peut être, encore, ou pas. Ne sait même pas si elle marmonne quelque chose, ne sait plus grand-chose, en fait, si ce n’est qu’elle vient de toucher quelque chose du doigt. Et qu’elle a déjà envie de le toucher encore. Plus tard, mais encore. Tout un monde à découvrir.
Elle rit, Delta. Elle rit, doucement, légèrement, tout bas, un rire clair qui s’échappe, elle ne sait trop pourquoi, un croisement entre le rire et une sorte de sanglot. Un spasme qu’elle a besoin de sortir, un trop plein de bien être. Elle soupire, le respire, sourit. Elle vit.

***
Nuée de parasites monochromes l'aveuglent, aussi la voit-il disparaître, engloutie par la poussière grise. Il ne respire plus, apnée. Eaux noires, abîmes sans fond... Soleil ? Paradis ? Peut-être pas. C'est qu'il en revient. Pas dissolu. Pas mort non plus. Remous résiduels avant que le calme ne se fasse, l'immobilité prend le pas.
Plénitude enfantée ? Si. Quoiqu'elle soit entravée par l'euphorie paroxysmique des sens, en l'instant. La chaleur instillée et demeurée, foyer crépitant, continue d'émaner du corps qui, bien vivant finalement, lui renvoie la perception de son autre. Des serres à l'emprise affaiblie, des membres inertes... Sans vie ? Morte, aussi ? Souffle vient démentir, revenu. Murmure confirme bientôt. Regain. D'oiseaux de nuit à phénix...
Puis, la conscience surgit, s'affranchit du dictat des tripes maîtresses, fait taire le chahut des sens, un peu. Le brun n'en pense pas plus, l'état ne s'y prête pas. Il admet la vie l'habitant, simplement. Se sait sourire, maintenant. Se sait nez enfoui dans l'amas de filins satinés, aussi, bien que d'instinct l'odeur l'emplissant lui ait déjà signifié. Murmure... Pas compris. Qu'il ne cherche pas à comprendre. Moindre chose. Doigts ne se défont pas tout de suite mais se détendent, voguent un rien aux entours de leur point d'encrage... Gabriel a du mal, encore. C'est que même graine de conscience replantée, il a le crâne, et tout le reste, saturé d'elle. Delta, toujours partout. Dissimulée sous ses paupières maintenant. Yeux clos, il la regarde.

***
Accrochée, toujours, ne le lâchera pas, elle le sait. Elle est accrochée, ancrée, bien plus qu’encrée. Etonnant comme les tripes sont claires quant au degré d’attachement. Le thermomètre a explosé. Elle se sait foutue. Elle se savait avant qu’ils ne s’emballent dans ce meurtre mutuel, elle le savait, elle le confirme. Elle l’a dans la peau, et pas un simple point, non. Il est partout.
Et maintenant ? Parler ? Briser ce silence, cette quiétude où chacun entreprend de revenir à la vie ? Tout doucement. Non, se taire, l’écouter, ouïr sa respiration, goûter encore… non, reconnaitre son souffle sur sa peau, sourire, encore, puisqu’elle souriait déjà. Elle ne pense pas, ou ne pense plus, ou n’en est pas capable. Elle se laisse voguer sur la mer calmée, son souffle lui-même, ralentit jusqu’à n’être que légère brise. La tempête se retire laissant place à une douce quiétude. Ronronne. Si si.
S’abreuve de lui, apaisée, la faim. Pour l’instant. Comme toute faim, elle se réveillera régulièrement, ou pas. Fringales à venir. Elle le sait. Elle se connait. Se connait ? Pas vraiment. Mais elle s’en fout. C’est lui qu’elle veut connaitre, pas elle.
Quitter du nez, la chaleur de son cou, venir coller son front au sien, le contempler, yeux clos, communion encore, rêver, ou pas. Soudaine envie, réminiscence, d’être pincée pour être rassurée. Si cela est songe, jamais se réveiller. Jamais. Rêver, toujours. Mieux, vivre son rêve. Elle entrouvre les paupières, billes brillantes, coins des lèvres et des paupières plissés, le rire est parti, n’est plus là que sérénité. Les choses, telles qu’elles doivent être. Eux. Deux.

***
Rire ? Pleurs ? Oui, conscience met le temps, mais présente, et bien éclose, elle fait son office. Conscience prise du spasme, léger, le doute prend la relève. Non... Il est si mauvais amant ? Nuque qui se raidit un brin, menton levé dans l'élan. Le rire est déjà évanoui que la question demeure. L'ombre est imprimée, là, sur les lèvres. Qu'il vient chercher quand le front s'appuie, oubliant. Baiser est beaucoup dire... Liées. Juste pour raviver la saveur, ambroisie et nectar, qu'elles déposent. Goût qu'il découvre à peine mais qui lui laisse entrevoir, déjà, l'addiction menaçante. Un mal de plus. Ou un bien... Un bien ? Sûrement. Du bien, on ne veut pas se soigner.
Bien, mal... Faute. Cette fois c'est le ventre, qui, sinon raidi, se trouve empli de vipères remuantes. Il faut un remède plus puissant. Et il n'a pas à chercher bien loin. Ils sont là. Ouverts. Lucioles sombres, que même l'obscurité et les cils jetant une ombre aux pupilles n'arrivent à ternir. Il aura tout le temps de se ronger les sangs une autre fois, après tout. Quand l'aimante ne sera pas là et qu'il ne l'aura en tête, par exemple... Autant dire que les entrées sont réduites. Lune et Soleil se valent, d'ici. Vie sur terre prévaut qu'il juge, encore en elle, plein d'une impression d'entièreté parfaite. Sourire. Arête de cap qui frôle son homologue. Et... Léger courant qui vient rappeler à son bon souvenir sa demie -les bottes n'ont pas bougé, après tout- nudité. Bougonnement lège, les mains viennent se réfugier à l'abri des jupes, relâchant la cuisse à la chair marquée. Pas point d'encre. Encrage, juste.
Émerger... « Il faut ? » qu'il murmure à peine, avec l'espoir enfoui qu'elle dise non. Qu'ils restent. 'Dans la réserve ?' qu'il s'entend penser. Froncement du nez. Lit, escalier... Rhabiller, avant. Oui, lit... Dormir. Pas fatigue. Pas assez. Recommencer, alors ? Sourire du coin. Silence sur l'éventualité.

***
L’esgourde est sensible, les deux, même, puisqu’elles veulent l’ouïr, et elles perçoivent la question quasi muette. Il faut ? Il faut quoi ? Recommencer ? Oui da. Se séparer, là ? Déjà ? Non pas qu’elle ait trouvé le moment court, non. Du tout même. Elle ne saurait d’ailleurs pas dire combien de temps a passé, et s’en fiche comme du dernier lange de son fils. C’est dire.
Mais que faut-il ? Et puis depuis quand s’embarrassent-ils de convenance lorsqu’ils sont seuls ? Goût fugace qui se fait délice, court, trop court, mais elle ne se plaint pas. N’est-ce pas ainsi qu’on savoure le mieux ? Les pensées sont envolées, instant qui prime. Cuisse libérée redescend lentement, voudrait rester, ainsi, encore, toujours, baiser, léger, volé. S’écarte, moins d’un demi-pas. Frissonne. Trop loin déjà. Malade. Maladie dont elle ne veut aucun remède… Sinon sa présence, qui, loin d’apaiser la fièvre, la provoque. Parait que c’est la fièvre qui permet au corps de lutter… Et elle est prête pour bien des batailles à mener.
Il faut. Souvenir d’une porte fermée sans verrou. Chance. Nulle visite. Ou ils n’ont rien vu. Elle s’en fout, mais… Mais ne prendra pas le risque qu’on les dérange.
« J’arrive » Qu’elle murmure à l’oreille du brun, frissonnant de son absence, lui qui n’est qu’à quelques pas. Verrou. Retour, bras, chaleur. Regard au plafond, interrogateur.

***
Culottes repassées, rondement. Absence mise à profit. Ce n'est pas qu'il avait l'air ridicule, braies sur les chevilles mais... Chemise, maintenant. Surcôt reste dans la main, temps manque, le laissant débraillé alors que la brune vient reprendre sa place. Faite sienne, décret. Drôle comme ses bras trouvent leur place, tout de suite. Comme elle semble faite pour qu'ils l'embrassent, aussi. Vague de contentement à la constatation... Étreinte se fait plus étroite. Réponse à la question silencieuse est toute réfléchie, affirmative vient, hochement du chef. Regard pour l'endroit, la miche et le pot entamé... Sourire, franc. Main volée après un papillon vite déposé et déjà, la sortie est engagée. Les doigts mêlés sont loin de lui suffire, aussi la volée de marches est elle avalée dans un martèlement précipité et la porte de la chambre gagnée bien tôt.
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2. De figues.

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