Ils se présentent

Messages : 3 Inscrit le : 16/07/2011

Un cheval pour deux. Enfermée entre deux bras dont les mains tiennent les rênes, Manon, une main sur le bras d'Ernest, scrute les alentours, se tourne quelquefois vers son preux chevalier. Et elle parle, elle parle... C'est fou ce qu'une femme a à dire. Et toujours d'un si grand intérêt...
Et puis passe la main, se laisse aller contre lui, lève les yeux vers le menton et l'écoute.
Ils connaissent mieux le baroùn, il parait, on dit que... son aumônière est remplie d'oursins. Et elle... Manon l'a vue une ou deux fois... Une belle femme... On dit que... Il parait...
Manon sourit. Ils ont sans doute les meilleures raisons pour... Et quand bien même. Ca n'a aucune espèce d'importance. Ce sont souvent ceux qui ne vivent rien qui empoisonnent celle des autres.

Enfin le château, le couple le détaille tandis qu'il grossit devant eux.

Deux mains qui emprisonnent sa taille pour l'aider à descendre, les siennes qui défroissent et s'agitent sur d'hypothétiques poussières, yeux levés vers les faîtes du bâtiment.

Il est temps de se présenter, arrivés devant la massive porte, Ernest tire sur la cordelette d'entrée.

L'Émile, parfois, il pense, il pense que si les gens savaient la moitié de la vie de la Baronne, ils auraient de quoi vider les bourses du Baron pour un moment, ou se feraient couper les leurs, en cas d'envie de faire pousser la chansonnette. L'avantage qu'il a, l'Émile, c'est qu'elle lui offre assez à boire pour qu'il oublie jusqu'au fait qu'il ait pu penser, un jour où l'autre.

Là, il pissait un bol, derrière, de l'autre côté de la porte quand il a entendu la cloche. Ça l'étonne, l'Émile, le patron est pas du genre à faire la noce comme ça, ça doit encore être un coup de sa femme, inviter du monde, dépenser des écus... des écus entiers !

Il va ouvrir, donc, le gars, comme ça. Et il voit des gens. Deux, et un qui part, plus loin, qu'il sait pas trop si en fait, faudrait pas le rappeler, mais qu'il oublie, il y a des gens, devant lui... Et le filet de liquide qu'il vient de faire qui s'écoule, dans la rigole, vers leurs pieds.

Bonjorn ! qu'il dit, l'Émile.

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La blonde regarde le ruisselet, voit deux grosses bottes à côté, suit une courbe ascendante et trouve une barbe.
Une barbe qui parle.
Passablement étonnée par l'exubérance pileuse de son vis à vis, elle jette un regard vers son glabre Ernest avant de répondre au bonjorn guttural.

Messire Ernest Zagrebcki et moi-même, Manon Delmas - petit arrêt pour bien marquer son effet - souhaitons nous entretenir avec la Baronne et le Baron d'Orange.

Changeant discrètement son pied porteur de gauche à droite, elle attend, la blonde, elle attend que la barbe s'exprime à nouveau.

Ah ben voilà, des gens qui s'expriment avec des mots et des phrases, des machins que même bourré, il aurait compris... Et comme là il est presque net...

Ah ouais, faudrait me suivre, là, par là, je crois, je crois...

Un gamin vient se saisir du cheval et le garde avance, sans vraiment attendre qu'on le suive, et le voilà qui se perd, encore, dans les couloirs. Ce n'est pourtant pas ce qu'il y a de plus (économie d'espace), et pourtant... Il finit près d'un petit coin sombre et entend, au même instant, la voix, la douce voix de la Baronne, en train de gueuler.

Il toque, deux fois, puis ouvre la porte. cette porte

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Et la porte s'ouvre. Manon a eu un geste pour arrêter l'action. Trop tard...

Les cris, puisqu'ils sont là, prennent à l'ouverture une ampleur saisissante.

Ils sont de ceux qui figent les pas.

Et la meilleure volonté du monde n'arrive pas à réactiver le mécanisme.

Manon en pleine lutte, s'accroche d'une main dérisoire au bras d'Ernest.

Nous sommes loin de l'analyse... La peur ?
Peur de déranger - ce qui engrange un tas de raisons-, peur de recevoir in-intentionnellement un postillon rebelle.
On ne sait... On ne sait plus.
Retour aux origines...

Pour trouver refuge dans la flore, en habillant son visage de rouge coquelicot.