Un courrier écrit à la hâte, sur un mauvais papier... Des ratures, il semble que le brouillon soit parti à la place de la lettre propre. Aucun sceau n'est apposé.

Citation :

Mon ami,
Cher Gardien,
Monsieur le porte parole,
Sieur Thuf,

Voilà quelques temps déjà que vous m'avez nous avez quittées précipitamment. Nous nous sommes croisés quelquefois mais n'avons pu échanger grands mots sur une éventuelle rencontre les maux qui vous ont fait fuir l'établissement dont vous étiez le gardien.

J'imagine que vos raisons étaient valables, bien que je les déplore, vous me manquez aux filles ! Elles s'étaient si bien accommodées à votre présence que je n'ai pu me résoudre à vous remplacer. La place est donc vacante, si bien que nous avons parfois peur, selon les clients qui osent entrer.

Je vous écris donc pour vous demander si vous accepteriez de me la reprendre me conseiller quelqu'un qui pourrait effectuer un travail aussi bon que vous le faisiez.

En espérant avoir de vos nouvelles bientôt et que vous vous portez bien, acceptez, je vous prie, l'expression de mon envie amitié.

Delta.
Madame.

PS : Vous devriez être convié bientôt à un dîner, nous comptons sur votre présence.

Réponse, parchemin estampillé MAO, sûrement "emprunté" au Palais. Ecriture plus propre, mais moins soignée, signe de la vitesse de rédaction et des origines moins nobles de l'écrivain.

Citation :

Ma chère et tendre amie,

Voici quelques temps en effet que j'ai dû, avec force regrets, vous rendre ma démission. Sachez que, pour ma part, je vous regrette plus que les filles, et que les moments que nous avons partagés, du premier au dernier, sont toujours gravé en ma mémoire.

Je regrette sincèrement de vous avoir laissé dans un tel embarras, tant matériel que physique. S'il me sera difficile, pour l'heure, de combler le second, je vous promets de réfléchir à la façon de protéger votre établissement au mieux. les gardes du Palais étant toujours en recherche d'argent supplémentaire, je ne crois pas qu'il me sera difficile de convaincre l'entre d'entre eux de se présenter à vous.

Par ailleurs je tiens à ce que vous sachiez que tous vos voeux sont acceptés d'avance et que, si j'en avais le pouvoir, il y a longtemps que je les aurai comblé. Notez aussi, si vous le voulez bien, que si l'occasion s'en présente, je ne manquerai pas de venir vous présenter mes hommages. Peut-être cette fameuse soirée en pourvoira-t-elle et nous permettra-t-elle d'être cavaliers à nouveau et de redécouvrir vos écrins?

Veuillez recevoir, mon amie, mes plus cordiales salutations ainsi que mes hommages les plus appuyés et fougueux.

Votre ex et dévoué employé,

ThufThuf.

Un vrai papier, cette fois, de qualité. Une lettre rédigée en prenant son temps, sans aucun doute. Toujours pas de sceau.

Citation :

Mon cher Thufthuf,

Vous avez dû démissionner ? À regret ? Pourquoi l'avoir fait ? Auriez vous été forcé ? Vous m'aviez pourtant fait montre d'une grande résistance, d'une obstination à toute épreuve... La capuche a dû tomber.

Je regrette également votre présence, et je doute qu'un garde, marquisal qui plus est, puisse vous remplacer. Nous continuerons donc à prendre des risques, tant pis. N'effectuez aucune démarche envers eux, je n'embaucherai personne. Cette place est vôtre, je vous l'avais dit.

Le pouvoir de combler mes voeux... Sauriez vous rendre mémoire à un amant perdu en lui-même ? Sauriez vous faire naitre à nouveau un véritable sourire sur mes lèvres ? Vous n'êtes pas passé, lors même que je vous ai croisé en Aix...

La soirée sera l'antre du paraitre, l'écrin sera scellé, je doute que vous puissiez l'ouvrir à aucun moment.

Avec tout mon amitié, fut elle tendre ou charnelle,

Delta.

Parchemin officiel, toujours. Comme si la réponse était écrite dès la réception de la lettre, toutes affaires cessantes.

Citation :

Ma très chère Delta,

Ma démission fût, en effet, forcée. Et, bien sûr, je la regrette. Vous souvenez-vous, mon amie, ma remarque sur l'absence de cécité de mon épouse? Il se fait qu'elle m'attendait, ce fameux matin, quand je suis rentré me reposer. Je vous laisse imaginer ce que son regard sur les marques vous avez laissées sur mon corps a pu provoquer. Répugnant à lui mentir, je n'ai eu d'autre choix que de lui avouer en quelles circonstances ces marques ont été apposées.
Soyez cependant rassurée sur un point, le secret de votre identité restera nôtre. Jamais je ne vous trahirai, je vous en fais le serment.

Je suis au regret de vous avouer que je n'ai aucun pouvoir particulier en ce qui concerne la mémoire des gens... D'expérience, je puis vous dire que si elle doit lui revenir, cela se fera par la patience et la douceur dont vous saurez faire preuve.
Quant au sourire... j'espère pouvoir le revoir, moi aussi. J'ai encore dans la tête certains de ceux que vous m'avez offerts, dont je suis certains qu'ils étaient sincères. S'il est en mon pouvoir de vous rendre heureuse, ne fût-ce qu'un instant, soyez certaine que je m'y emploierai dès que possible.

La soirée prochaine saura, je l'espère, nous en fournir l'occasion. J'ai su, une fois, faire sauter le verrou de l'écrin... Et je doute que pareille fête ne nous fournira pas pas un moment de complicité à partager, fut-il fugace. Soyez donc assurée, mon amie, que votre invitation recevra réponse positive.

Avec toute ma passion, fut-elle sentimentale.

ThufThuf.

Écriture rapide, sans rature toutefois, il semble qu'elle n'ait pas eu besoin de brouillon cette fois, ou que la lettre ait été envoyée aussi vite qu'elle a été écrite, pour ne pas regretter ce qui s'y trouve. La feuille sent le printemps et les fleurs, sans doute gardée au plus près de la peau de l'expéditrice, histoire d'avoir toujours de quoi répondre sur elle, quand elle recevrait le courrier.

Citation :

Mon cher Thuf,

Je comprends mieux votre démission, bien que je ne comprenne pas ce besoin d'avoir dit la vérité quant au lieu de votre débauche. Elle n'avait guère nécessité de savoir qu'il s'agissait d'une incartade sur votre lieu de travail, une rencontre hasardeuse aurait tout aussi bien fait l'affaire question aveux.

Enfin, chose est faite désormais, je suis simplement attristée de n'avoir pu vous accueillir encore, le voyage fut des plus agréables. D'un autre côté, l'absent ayant fait son retour, nul chanceux ne voyage plus en moi, lui même n'ayant pas l'air d'y être quand il y vient... Sans doute ce qui me manque le plus, en fait, une réelle présence, quelqu'un à qui ne rien cacher...
Le mensonge a brisé quelque chose... Je ne pourrais le réparer qu'en disant la vérité... Au risque qu'elle le détruise, et nous détruise...
Je me vois mal lui avouer que j'ai ouvert cette maison, déjà, et surtout que j'y ai pris mon plaisir en attendant son retour... En espérant son retour... Pour ne pas le tromper. Ironique, ne trouvez vous pas ?

Je ne vous en avais guère parlé, surtout que nous n'avons pas eu l'occasion d'échanger une fois que vous avez su qui j'étais. D'ailleurs, qui aurait cru que j'aurais accueilli sous mon toit et pas seulement, un représentant du Marquisat ? Et dire que je n'en éprouve nulle honte...

Le sourire... Peut être sauriez vous l'amener, je vous en crois capable. Ils n'ont jamais été de convenance envers vous depuis notre premier bain. Avant... Avant je ne sais plus.

J'espère vous revoir à cette soirée, pouvoir trouver l'instant pour échanger quelques mots, seul à seule. Nous verrons bien. Je me réjouis de cette acceptation de l'invitation pas encore envoyée, je dois m'occuper de cela sous peu.

Souhaitez vous que je vous fasse parvenir une tenue pour ce soir là ? Il serait bon de cultiver le paraitre, au mieux.

J'accuse bonne réception de votre passion, elle me réchauffe en cette triste soirée d'hiver, puisse-t-elle se montrer lorsque nous nous verrons.

Acceptez, je vous prie, la tendresse dont je peux savoir faire preuve.

Votre présence me manque, mon ami.

Delta.

Écriture plus posée, parchemin sans marque, pigeon toujours Marquisal. La réponse a peut-être été plus mûrie que les précédentes.

Citation :

Ma chère Delta,

Cette nécessité, peut-être l'auriez vous constatée si c'était votre amnésique qui avait fait devant vous preuve d'un tel niveau de douleur et de désespoir. J'espère sincèrement que cela ne vous arrivera jamais car même si vous êtes la reine du paraître, cela ne pourra que vous affecter si vous décidez, ce jour-là, de lui mentir.

Chose est faite oui, et elle n'attriste pas que vous. Si le voyage fut ravissement, c'est parce que le chemin fut parcouru à deux. les collines et vallons que j'ai découvert en votre compagnie furent des plus beaux, les cavités explorées des plus agréables et le son du vent des plus doux. Si partager ce genre d'escapade nous est en ce moment interdit, au moins puis-je faire office, si vous le voulez, est d'être ce confident que vous semblez tant attristée de ne plus avoir. A moins que mon appartenance au Marquisat ne vous rende trop honteuse de me confier vos secrets?
Si vous-même connaissiez certains de mes secrets, sûrement la tare marquisale dont vous m'affublez ne vous semblerait plus si honteuse en comparaison.

Vos sourires, ma chère, sont un ravissement pour les yeux, comme votre odeur l'est pour le nez. A ce titre, les effluves émanant de votre lettre sont un bonheur et me rappellent bien des souvenirs. Quant à "avant"... Eh bien avant... Vous ne souriiez pas, car l'on ne sourit pas aux domestiques, n'est ce pas? ne le fussent-ils que dans votre imagination.

Je vous fais confiance pour la tenue, je sais que le choix de vos toilettes est toujours sûr, mélange de raffinement et de bon goût. J'espère juste que vous ne la choisirez pas par trop... provocante? Si le paraître est important, je doute qu'un arrachage d'yeux, pour spectacle divertissant qu'il serait, soit du meilleur goût.

J'accuse réception de votre tendresse, mon amie, et espère que mes meilleurs sentiments trouveront le chemin menant à votre sourire.

Nos soirées me manquent, ma tendre et précieuse amie. Veuillez accepter, même symboliquement, qu'un de mes baisers viennent orner vos lèvres.

ThufThuf.

La lettre fleure toujours Delta, plus encore, comme si, cette fois, elle l'avait gardée plus longtemps sur elle, exprès... Elle n'arrive que le lendemain, sans doute à cause de ça. Ou à cause du paquet qui l'accompagne, contenant hautes bottes, braies, chemise et mantel, le tout raffiné et de quaité, mais sobre, dans des teintes ocres et marron, d'un orange discret aux entournures et ourlées d'or, de cuir marron pour les bottes.

Citation :

Mon très cher Thuf,

Paraitre, je connais certes bien, il n'empêche que ça n'est pas moi... Tout comme Madame n'est pas moi. Vous n'avez eu qu'un bref aperçu de celle que je suis... Une femme perdue qui s'est perdue un peu plus entre vos bras, et d'autres auparavant. L'amnésie... J'ai connu, il parait que j'ai vécu en Provence auparavant, à Marseille... Des bribes me reviennent parfois, c'est étrange et douloureux, souvent. Le paraitre n'est qu'une façade, une protection sans doute... Non, en fait vous n'avez pas vraiment entraperçu, bien que je me sois abandonnée. J'étais moi-même, mais cela ne vous a pas permis de me connaitre mieux.

Me voyez-vous véritablement aller dire à cet amant trop longtemps absent que j'avais ouvert un bordel pour mieux le respecter ? Je doute qu'il apprécie telle vérité... Et je crains de le perdre réellement à cet aveu... Pour peu que je l'aie véritablement retrouvé.

Votre appartenance au Marquisat... Si vous saviez comme je m'en fiche ! À vrai dire, il n'est qu'une personne que je n'aime pas dans cette institution, l'actuelle Marquise. Cette femme a un lien avec quelqu'un que je honnis de toute mon âme, pour la douleur qu'il m'a causée et les désagréments que le fait d'avoir arpenté les routes avec lui ont pu m'apporter... Telle cette cicatrice que votre bouche a caressée...

Le voyage fut ravissement... Votre exploration ne fut que plaisir à mes sens, vos gestes douceur... J'aimerais vous offrir de nouvelles découvertes, vous baigner à nouveau, goûter votre peau...

Mon confident dites-vous ? Pourquoi pas... Il est vrai que vous tenez déjà ce rôle, un peu forcé, d'ailleurs, puisque vous êtes seul détenteur du secret de mes instincts pas si nobles... Mais cela va dans les deux sens... Que seriez-vous prêt à me dire ? Parce que oui, en sus d'avoir besoin d'une oreille attentive... Je suis curieuse et aime connaitre celui à qui j'offre mes secrets. Quels côtés noirs pourriez-vous donc cacher, mon cher ami ?

Non... Ce n'est pas tant le fait que je vous aie pris pour un domestique - veuillez m'en pardonner, je vous en prie - qui fit que je vous ai parlé sur ce ton ce jour là... Mais cet époux que je me traine, qui, encore une fois, s'était habillé avec un goût immonde. Et qui refusait de se changer. J'ai dû insister et il a fini par le faire. En dehors de la voiture ! La colère... Je ne savais vraiment me contenir à cette époque, et c'est vous qui en fûtes la victime.

J'espère que la tenue vous ira, la commande a été faite avec vos mensurations précédentes... J'espère surtout qu'elle vous plaira. Je vous sais peu porté sur le paraitre et n'aurais osé vous fournir l'une de vos anciennes tenues de travail. Je vous imagine déjà portant ces effets lors de la soirée à venir.
Quant à ma tenue... Je ne sais encore quelle sera celle que j'arborerai ce soir là, il faut que j'y réfléchisse... Quand on sait qu'avant je marchais pieds nus... Pour le plaisir...

Me voici nostalgique à présent... Enfin...

Ah, oui... Mon enfant marche à présent, il va bientôt être en âge de quitter sa nourrice la journée pour apprendre la vie, apprendre les choses. Je me disais... Je me disais qu'il serait bon qu'il ait un précepteur n'ayant pas la même façon de voir que mon époux, qu'il puisse se faire son propre avis... Qu'en dites-vous ? Vous voilà Conseiller en sus d'être Confident...

J'accepte votre baiser, puisse-t-il être réel et accompagné d'autres encore, et de vos mains...

Voilà que j'écris mes pensées, il est donc temps que je termine cette lettre.

Veuillez accepter ma main sur votre joue et ma bouche en votre cou, mon ami, je trouve qu'elle s'y niche fort bien.

Delta.